dimanche 20 octobre 2013

Ode à la nature.




Le soir, il me suffit de jeter un œil par la fenêtre pour assister à un spectacle éphémère, mais magnifique. Regarder le ciel est quelque chose dont je ne me lasserai probablement jamais. Je suis fascinée par cet espace immense et intouchable, qui nous offre parfois des tableaux somptueux, que ce soit par une nuit de pleine lune ou par une journée ensoleillée, de gros nuages offrant à nos yeux trop peu entraînés à la beauté la possibilité d'imaginer. Ici, un dragon ; là, une espèce de monstre bizarre ; là encore, le rappel d'un souvenir qui nous est cher. Nous pouvons tout voir dans un nuage. Mais les tableaux les plus beaux nous sont proposés, seulement quelques minutes, au moment où le soleil se couche. Depuis que je suis arrivée en Alsace, je savoure d'autant plus ces instants précieux. Comme en Bretagne me semble-t-il, le couchant est riche en couleurs, uniquement gâché par ces immeubles disgracieux, notamment sur les deux dernières photographies. La construction d'une maison spécialisée pour les personnes âgées atteintes d'Alzheimer, juste en face de chez moi, restreint la vue. Alors que précédemment, les seuls obstacles étaient les toits de maisonnettes typiquement alsaciennes, je dois désormais composer avec une espèce de bunker moderne qui menace de faire tomber un arbre centenaire. Je fais toujours attention à m'émerveiller des choses de la nature, pour la simple et bonne raison que je les sais menacées. Je prends quelques clichés, que je garde précieusement sous la main et que, pour le plaisir, je contemple lorsque le ciel est gris, les nuages menaçants ou bien lorsque, à l'université, je suis entourée de bâtiments plus ou moins récents, dans un état plus ou moins potable, qui ne laisse aucune place à la verdure, aucune place pour respirer.




“What are men to rocks and mountains?”, disait Elizabeth Bennet dans Orgueil et Préjugés. C'est en allant faire quelques randonnées dans les Alpes cet été que je me suis rendue compte à quel point nous étions petits et insignifiants. Je m'étais déjà fait cette réflexion quelque temps auparavant, mais de manière très négative, me disant que nous n'étions finalement que des poussières dans l'univers, que le monde ne s'arrêterait certainement pas pour nous et que de fait, notre rôle était plus que négligeable. Face à ces montagnes, je me suis sentie petite. Mais j'ai vu tout ceci de façon positive : face à moi, une étendue que je n'ai pas encore explorée. Face à moi, une montagne à gravir, tant littéralement que figurativement. Peu importe que je ne sois rien. L'important, c'est que je peux choisir d'être une exploratrice et une aventurière, dans un monde où tout a soit-disant été découvert, dans un monde où il nous suffit de taper quelques mots dans la barre de recherche pour obtenir des images de contrées lointaines. Je n'ai plus envie de me limiter à mon écran. Je veux profiter de ce qui nous reste de nature.